Cadres (personnel)]]> Ingénieurs]]> Comparaison internationale]]> Europe du Sud]]> Méditerranée (région)]]> Catégories socio-professionnelles]]> Identité professionnelle]]> Éducation et emploi]]> Sociologie du travail]]> Cahier n°8 : Actes de la huitième journée d'étude du GDR Cadres organisée par le Laboratoire d'économie et de sociologie du travail (Lest-CNRS), à Aix-en-Provence, le 19 novembre 2004.

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"Il s’agissait de la seconde journée traitant des cadres dans d’autres pays que la France, la première s’étant saisie des « cadres dans les pays d’Europe occidentale » - Belgique, Royaume Uni, Allemagne, Espagne - (cf. Cahier 1). Au cours de cette rencontre, la question de la comparabilité, tant sur le plan épistémologique qu’au niveau empirique, des situations nationales avait été posée frontalement dans plusieurs contributions : comment parler de « cadres » dans d’autres pays que le nôtre, qui a donné le plus tôt et le plus nettement une véritable consistance institutionnelle et symbolique à cette notion, sans céder au piège d’une sorte d’ethnocentrisme ? On sait que l’approche sociétale, fondée au LEST au cours des années 1970-1980, apporte une alternative originale à la double impasse de l’universalisme et du culturalisme, en braquant le projecteur sur les systèmes nationaux de rapports sociaux qui donnent cohérence et sens, notamment, aux catégories socioprofessionnelles comme construits sociaux. Les échanges intervenus lors la première journée d’étude insistaient plutôt sur les obstacles à la diffusion de la signification française de la notion de cadre dans l’espace européen, les efforts de représentation syndicale – EUROCADRES, Confédération Européenne des Cadres – se heurtant à la force des tendances économiques néo-libérales poussant à la segmentation et à l’individualisation de la gestion des populations de type « cadres » dans la plupart des pays étudiés.

L’ambition comparative est moins explicitement présente dans ce numéro. En même temps, tous les auteurs sont soumis à cette difficulté : essayer de traiter d’une catégorie dont l’institutionnalisation, la signification, et finalement la composition diffèrent plus ou moins profondément de la situation française, mais qui dans chaque cas présente néanmoins un certain nombre de traits similaires à celle-ci. S’il est pertinent de rassembler ces contributions et d’organiser autour d’elles les échanges scientifiques, c’est, au minimum, que des populations exerçant des fonctions professionnelles équivalentes à nos cadres existent dans ces pays, et y sont confrontés à des enjeux pour une part communs : rôle historiquement central de la figure de l’ingénieur (Espagne) ; tensions entre les formations et les emplois occupés (Grèce) ; développement des formations supérieures de type « tertiaire », tout comme le recul généralisé du « développementalisme » et/ou de la puissance publique et la montée des régulations économiques libérales. Au mieux, c’est que l’influence du modèle français s’est exercée, de manière plus ou moins directe ou diffuse, dans bon nombre des pays dont il est fait ici état : par la présence coloniale dans les trois pays du Maghreb et en Syrie ; par le rôle d’institutions de formation (Polytechnique pour le Maghreb ; autres institutions de formation pour le Portugal, le plus proche du cas français) ; par le rôle contemporain enfin de la circulation des élites au sein d’aires géographiques de plus en plus étendues.

Cette influence se retrouve a minima dans la traduction du mot « cadre » dans la langue indigène, mais sans qu’elle fasse l’objet d’une véritable réappropriation dans son usage vivant ni dans les représentations du monde social (Syrie). Elle peut aller jusqu’à la transposition directe du système français de classification socioprofessionnelle, ce dernier étant concurrencé partout par le modèle de la CITP (ISCO en anglais) sous influence anglo-saxonne (Algérie). Elle peut enfin se retrouver dans des modes de mobilisation sociopolitiques comparables à l’histoire française, le cas italien étant très suggestif, par ses ressemblances – l’importance d’une logique défensive dans un conjoncture de fortes luttes ouvrières – comme par ses différences – rôle de frein du patronat, rôle plus central des cadres dirigeants.

En voyageant dans ces pays d’Europe du Sud et des autres rives de la Méditerranée, le lecteur se convaincra en tous cas un peu plus de la nécessité de réinscrire en permanence sa réflexion sur les catégories sociales dans l’histoire de formations sociales toujours singulières mais jamais isolées des dynamiques et des flux technologiques, économiques et culturels." (Paul Bouffartigue et André Grelon)

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Rapport sur les communications de R. Herranz-Gonzales et A. Karvar, Sarah Ghaffari – p. 5
  • La situation de travail et la situation de marché des « cadres » en Espagne, Roberto Herranz Gonzales – p. 10
  • La trajectoire des polytechniciens dans l’espace Franco-Maghrebin : des indépendances à l’instauration du nouvel ordre économique, Anousheh Karvar – p. 25
Rapport sur les communications de N-E. Hammouda et d’E. Longuenesse, Paul Bouffartigue – p. 44
  • Les cadres dans les classifications socioprofessionnelles algériennes (pratique des organismes statistiques), Nacer-Eddine Hammouda – p. 48
  • Cadres, spécialistes, professionnels ou techniciens. Remarques sur les nomenclatures socioprofessionnelles et la situation des professions diplômées en Égypte et en Syrie, Élisabeth Longuenesse – p. 67
Rapport sur les communications de M. Bechir Ayari et E. Gobe, et de M. Benguerna, Andre Grelon – p. 84
  • Les cadres supérieurs de la fonction publique tunisienne : réalités d’une condition socioprofessionnelle, Michael Bechir Ayari et Éric Gobe – p. 87
  • Cadres techniques et société en Algérie. L’héritage professionnel en question, Mohamed Benguerna – p. 101
Réflexions sur la construction institutionnelle d’une catégorie. Rapport sur les communications de K. Athanassouli, F. Ricciardi ET M. L. Rodriguez, Sophie Pochic – p. 108
  • L’insertion professionnelle des jeunes diplômés des filières littéraires en Grèce, Kyriaki Athanassouli – p. 113
  • Entre quadri et dirigenti : les cadres en Italie, Ferruccio Ricciard – p. 123
  • Ingénieurs et “cadres” au Portugal, Maria de Lurdes Rodrigues – p. 137
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Cadres (personnel)]]> Comparaison internationale]]> Europe de l'Ouest]]> Catégories socio-professionnelles]]> Identité professionnelle]]> Sociologie du travail]]> « Limitée au contexte de l’Europe occidental, et focalisée quelques uns des principaux pays de cette région du monde, cette journée d’étude ne fait que commencer à déchiffrer un vaste ensemble de questions : dans quelle mesure la catégorie de "cadres" demeure-t-elle une particularité nationale française ? Autre face de la même question, peut-on – et si oui dans quelle mesure – parler de "cadres " dans les pays voisins, sans céder à une sorte d’ethno-centrisme franco-français ? Si de stricts équivalents de cette catégorie et de cette notion françaises sont introuvables, ne peut-on pas tout de même décrire les grandes caractéristiques et évolutions de populations comparables jusqu’à un certain point, par exemple celles que l’on désigne comme membres du  professional and managerial staff  (professionnels et managers) au Royaume Uni, ou comme leitenden Angestellen (employés supérieurs et dirigeants) en Allemagne ? Ces évolutions sont-elles convergentes ? Quel rôle jouent les politiques de gestion de ressources humaines des entreprises – notamment des firmes multinationales –, la construction européenne, les organisations européennes de "cadres" dans ces évolutions ? N’assiste-t-on pas à une tension croissante entre, d’une part, les efforts d’origine syndicale pour étendre ou conforter la reconnaissance institutionnelle – tout particulièrement au plan du droit du travail et des conventions collectives – d’un fait "cadre", et, d’autre part, les effets des nouveaux modes de management, qui tendent à individualiser la relation d’emploi des salariés hautement qualifiés ? Qu’en résulte-t-il du point de vue des modes de représentation sociale des agents sociaux concernés ?

Ces questions soulèvent en effet une difficulté préalable majeure, à laquelle a tenté d’apporter une réponse originale l’approche sociétale fondée au LEST dans les années 1970 : "Comment comparer l’incomparable ?" (Maurice, 1989). Car si l’on refuse à la fois la perspective "universaliste", selon laquelle les nations ne forment que des contextes de spécification d’ "équivalents fonctionnels", et la perspective culturaliste, qui, mettant l’accent sur les discontinuités radicales d’un pays à l’autre interdit une véritable comparaison, reste à restituer à chaque fois le système global d’interactions "sociétal" seul à même de fournir une grille d’intelligibilité donnant sens aux "particularités" mises en comparaison. Cette perspective n’est pas explicitement présente dans la plupart des contributions qui suivent, mais elles permettent de la tracer : plus directement à partir des textes transversaux aux situations nationales, d’E. Mermet et de S. Pochic ; plus indirectement, à partir de la présentation des cas belge (M. De Troyer et E. Martinez), allemand (H. Lange), espagnol (C. Prieto) et britannique (S. Jefferys).

Les échanges mêlent des précisions ou des éclaircissements sur les exposés présentés et nombre de réflexions touchant à la question posée plus haut : dans quelle mesure est-il légitime de parler des "cadres" en dehors du cas français ? Mais on peut aller plus loin en se demandant dans quelle mesure la force et la convergence des transformations observées un peu partout dans la morphologie et la condition sociales des franges "qualifiés" ou "professionnelles" du salariat n’interrogent-elles pas la pertinence de la notion de cadre en France même ? » (Paul Bouffartigue)

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Les cadres en Europe, Emmanuel Mermet - p. 6
À propos des comparaisons internationales des « cadres », Sophie Pochic - p. 18
Angestellte : des « employes prives » (privatangestellte) aux « entrepreneurs de sa propre force de travail » (arbeitskraftunternehmer)?, Hellmuth Lange - p. 30
Les cadres en Belgique, Marianne De Troyer et Esteban Martinez - p. 43
“Techniciens, professionnels et cadres”: les cadres en Espagne, Carlos Prieto - p. 52
Does the status of cadre exist in the uk ?, Steve Jefferys - p. 60 Discussion sur les communications - p. 81]]>
Cadres (personnel)]]> Condition sociale]]> Sociologie du travail]]> « Entreprenant collectivement une réflexion sur l’évolution actuelle du groupe social des cadres, il nous était apparu utile de porter un regard sur les travaux qui avaient été effectués antérieurement, et notamment durant la période “glorieuse” de la sociologie des cadres, dans les années 1970 et 1980. En même temps, c’était aussi une manière de rendre hommage aux pionniers, ceux qui ont ouvert le champ, déjà de façon un peu isolée au milieu des années 50, puis à partir de la deuxième moitié de la décennie 60, à un moment où la question des cadres était considérée comme un sujet mineur, hors des grands débats de la discipline sur l’évolution de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier ou sur les transformations du patronat et du capital. Nous avons essayé de rassembler dans cette journée d’études des collègues qui, chacun dans leur domaine, ont apporté un éclairage bienvenu pour décrire le groupe des cadres et en comprendre le fonctionnement, et dont l’apport a nourri les débats, parfois vifs, qui accompagnaient le développement des recherches sur les cadres. Tous ont accepté de venir et de parcourir à nouveau les étapes de leurs travaux, en portant un regard distancié sur les résultats qu’ils avaient alors présentés. Cette analyse par les acteurs eux-mêmes de leur production, mise en perspective avec les questions qui se posent aujourd’hui, fait évidemment toute la richesse de ce volume. Les participants ne s’y sont pas trompés, à lire les échanges qui suivent chaque intervention.

Les chercheurs qui ont œuvré dans le champ des sciences sociales sur le groupe des cadres sont nombreux et, malheureusement, tous n’ont pu participer à ce débat. En outre, deux de nos invités n’ont pu être des nôtres pour des raisons indépendantes de leur volonté. Il aurait été dommage de ne pouvoir bénéficier de leur témoignage, compte tenu de l’importance et du retentissement de leurs travaux, chacun dans un registre différent. Jean Dubois a porté le débat sur les cadres très tôt sur la place publique et ses nombreux articles dans des revues comme L’Expansion, Projet, ses livres, ses interventions dans les entreprises ont été autant de contributions remarquées pour le caractère pénétrant, voire incisif de ses analyses. Quant à Luc Boltanski, est-il désormais besoin de présenter son travail sur Les cadres. La formation d’un groupe social ? On sait encore le véritable choc qu’a provoqué ce livre dont les thèses interpellaient l’ensemble des chercheurs travaillant sur ce champ, et bien au-delà. Qu’on ait été d’accord ou non avec ses conclusions, l’ouvrage de Boltanski devenait une référence incontournable. L’un et l’autre ont accepté de se prêter au jeu de l’interview : je tiens à les en remercier. Il serait, du reste, sans doute intéressant de reprendre cette formule à propos d’autres chercheurs ayant travaillé dans le domaine et de compléter ainsi, progressivement, cet "historique" de la sociologie des cadres. » (André Grelon)

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Introduction, Paul Bouffartigue - p. 4
Regard rétrospectif sur la première thèse sur les cadres en 1945, François Jacquin – p. 6
Discussion introduite par Charles Gadea – p. 8
Conditions intellectuelles et sociales des recherches sur les cadres des années 1960 , Georges Benguigui – p.13
Discussion introduite par Charles Gadea – p.18
La demande sociale sur les cadres dans les années 1970-1980, Vincent de Gaulejac – p.24
Discussion introduite par Charles Gadéa – p 30
Des recherches sur les groupes industriels et leurs cadres, Michel Bauer – p. 33
Discussion introduite par Catherine Bidou – p. 37
Le genre des cadres, regards rétrospectifs, Jacqueline Laufer, Catherine Marry – p. 43
Discussion introduite par Catherine Bidou – p. 50
Retour sur l’espace de qualification des cadres, Pierre Tripier – p. 58
Discussion introduite par Catherine Bidou - p. 60
Entretien avec Jean Dubois. Réalisé par André Grelon – p. 66
Entretien avec Luc Boltanski. Réalisé par André Grelon – p. 77]]>
Cadres (personnel)]]> Catégories socio-professionnelles]]> Classes sociales]]> Carrière]]> Condition sociale]]> Féminisation des professions]]> Identité professionnelle]]> Promotion sociale]]> Colloque final du GDR Cadres organisée le 30 janvier 2009 à l'Université de Versailles-Saint-Quentin (UVSQ) et le 31 janvier 2009 à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

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Ce colloque ambitionne à la fois de capitaliser et de dessiner de nouveaux horizons à l’activité scientifique d’un réseau de scientifiques, le GDR C.A.D.R.E.S (CAdres, Dynamiques, Représentations, Entreprises et Sociétés), qui rassemble depuis huit ans des spécialistes de cette catégorie au croisement de différentes disciplines : sociologie majoritairement, mais aussi sciences de gestion, sciences politiques, histoire et économie. Ce GDR a organisé depuis sa création deux journées d’étude par an et permis de relancer les travaux scientifiques sur les salariés qualifiés en France et de les mettre en discussion avec des partenaires étrangers en Europe et au Maghreb, dont toutes les communications sont accessibles sur http://gdr-cadres.cnrs.fr/ [lien rompu]. Ce colloque signera la fin de l’existence institutionnelle de ce réseau mais aussi une volonté de vulgarisation des travaux menés en son sein.

Les travaux réalisés depuis 2001 ont montré combien la nouvelle conjoncture historique aiguise et renouvelle les interrogations dont la catégorie sociale des cadres fait l’objet. Cette catégorie, très française, s'est affirmée en même temps que le mouvement des « classes moyennes » des années trente. Elle s’est consolidée au cours des Trente glorieuses en même temps que s’installait une société salariale impulsant une mobilité sociale ascendante. De nombreux cadres autodidactes incarnaient ces évolutions. Aujourd’hui la question des classes moyennes a changé de visage. L’heure n’est plus à leur mobilisation sociale et politique face à la double menace des mouvements ouvriers et de la concentration du capital. Pas plus qu’aux discours associant « moyennisation » et « modernisation » de la société. Il est désormais question dans les médias de fragilisation, voire d’éclatement ou de paupérisation partielle des classes moyennes. Quant au thème de la « panne de l'ascenseur social », il renvoie à un vrai mouvement de grippage de la mobilité ascendante et à la réalité de phénomènes de déclassement pour les jeunes diplômés ou les chômeurs.

Pour autant, les cadres, et plus largement les salariés qualifiés, ont-ils perdu leur capacité d’attraction ? Cette question se décline au niveau individuel aussi bien sur un plan objectif - celui de la mobilité sociale – que subjectif – celui des sentiments d’appartenance et des projets de mobilité. Cette capacité d’attraction n’est-elle pas affectée par une diversification accentuée du groupe des cadres, diversification qui aurait fini par mettre à mal son unité symbolique ? Désormais la fonction d'autorité hiérarchique est loin de pouvoir résumer ce que sont et ce que font les cadres. La globalisation et l’influence croissante du modèle anglo-saxon de firme incitent à parler davantage de managers et d’experts. Ces derniers, de plus en plus nombreux, auraient un rapport plus distant aux organisations, lesquelles, quand elles n’encouragent pas les carrières nomades, ont largement renoncé aux modes de gestion bureaucratiques des carrières. Les cadres des organisations publiques et du monde associatif sont loin de tous se reconnaître dans la figure traditionnelle du cadre. La féminisation de la catégorie ne fait pas qu’en épouser les rapports de domination et de discrimination internes, elle en modifie également l’identité sociale et apporte souvent des revendications vers un meilleur équilibre entre carrière et vie privée. Enfin la distance sociale est devenue considérable entre les cadres dirigeants aux modes de vie cosmopolites et la masse des cadres subalternes ancrés dans un territoire.

Face à ces modifications du profil des cadres, que reste-t-il de leur spécificité, qui justifiait aussi bien un statut que des institutions spécifiques (retraites, syndicats, prud’hommes, APEC) ? Comment ont réagi à ces évolutions les organisations qui les encadrent, que ce soit leurs employeurs, publics ou privés, leurs organisations représentatives que des institutions de protection sociale ? Ce colloque ouvrira un rare débat entre scientifiques et acteurs sociaux, syndicalistes, représentants institutionnels et représentants d’entreprise sur le devenir de la catégorie. Les chercheurs de pays anglo-saxons (Angleterre, Australie, États-Unis) viendront nous rappeler que les débats sur l’idée de classes moyennes en crise ont également lieu ailleurs, surtout dans les moments forts de restructuration du système productif. Diverses enquêtes laissent à penser que le sentiment de déstabilisation et de changement est souvent plus fort que sa réalité, et que les perspectives de carrière pour les plus qualifiés restent relativement bonnes, parfois sur des marchés internes qui se reconstituent à des échelles et sous des formes différentes. Alors qu’en France la dilution de la catégorie cadres est souvent appréhendé au regard de l’évolution de leurs conditions de travail, nous ouvrirons ici la question de leur mode de vie, appréhendé en terme aussi bien en terme de consommation, que d’habitat et d’engagement politique. Les classes moyennes appréhendées par ce prisme ne conservent-t-elles pas une forte spécificité et une place privilégiée dans la sphère sociale ?

Conseil scientifique du GDR Cadres

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Séance introductive. Intervenants : Paul Bouffartigue, Sophie Pochic, un représentant de l’agglomération de Saint Quentin en Yvelines et un représentant de l'Université Versailles Saint Quentin.

Table ronde 1 : « Les cadres dans la stratification et la mobilité sociale ». Animateurs : Patrick Dieuaide et Charles Gadéa

L’expansion de la catégorie des cadres a constitué un puissant vecteur de mobilité sociale et professionnelle tout au long des dernières décennies. L’appel d’air créé par le nombre croissant de postes à occuper se traduisait par un recrutement social très majoritairement extérieur aux familles de cadres et un accès fréquent au statut cadre en cours de vie professionnelle, tous deux facteurs d’hétérogénéité interne, tant dans le rapport à la carrière que dans le rapport à l’entreprise. Qu’en est-il aujourd’hui, alors que l’emploi s’est dégradé et que le déclassement guette les jeunes diplômés ? L’hérédité sociale s’est-elle renforcée ou atténuée ? De quelle façon les chances de chances de promotion au statut de cadre ont-elles évolué ? Quel a été l’effet de la féminisation sur les flux de mobilité ? Cette table ronde centrée sur la mobilité abordera par ce prisme la place occupée par les cadres dans la société : les signes distinctifs de la catégorie des cadres tendent-ils à s’effacer ou à se maintenir ?

Thomas Amossé : « Cadres - non cadres de 1982 à 2002 : une frontière qui s’est déplacée, mais ne s’est pas effacée sur la structure sociale »
Valérie Boussard : « Cheminements professionnels de cadres "promus internes": regards sur les transactions identitaires »
Dominique Merllié : « Les cadres et la mobilité professionnelle »Louis-André Vallet : « Les cadres et la mobilité sociale : quelques éléments empiriques et quelques réflexions à propos de l'évolution historique du recrutement social des cadres dans la société française »

Table ronde 2 : « Cadres et classe(s) moyenne(s), d'hier à aujourd'hui ». Animateurs : Paul Bouffartigue et Guy Groux

Le sort de la notion de « classe(s) moyenne(s) » semblait avoir été définitivement scellé par la sociologie au début des années 1980. Après une période d'intenses controverses, l'accent était désormais mis sur la forte hétérogénéité sociale et politique de ce conglomérat, de laquelle n'émergeait que la puissance symbolique de sa composante « cadres ». Or cette notion de « classe(s) moyenne(s) » revient bruyamment sur la scène politique, plus discrètement sur la scène scientifique. On cherchera à comprendre le sens de ce retour en revisitant l'histoire française des classes moyennes et par un détour par l’international, que ce soit par « l’Amérique du bas » que par la « vieille Europe ». De quelle(s) classe(s) moyenne(s) parle-t-on au juste ? Assiste-t-on à leur paupérisation généralisée, ou à des transformations plus différenciées ? Comment leurs différentes composantes se positionnent-elles au plan politique et idéologique ?

Catherine Bidou : « Une recherche sur l'Amérique latine. Classes moyennes et espaces urbains dans la ville de Mexico »
Louis Chauvel : « Les ‘nouvelles classes moyennes salariées’ : que reste-t-il de neuf 40 ans après Touraine (1969) ? »
Jean Chiche : « Les cadres dans l'espace politique. Le vote des classes moyennes en France en 2007 : une comparaison européenne »
Tanguy Cornu : « L'après seconde guerre mondiale. Classes moyennes, catholicisme social et troisième voie : quelle cohésion idéologique ? »
Jean Ruhlmann : « L’invention des cadres et des classes moyennes en France (1930-1955) : combinaison ou répulsion ? »

Table ronde 3 : « Cadres : contours et groupes frontières ». Animateurs : André Grelon et Gilles Lazuech

Toutes les tentatives de définition de la catégorie se heurtent au même obstacle : le flou de ses contours, distincts suivant les institutions qui les comptent ou qui les représentent. Pour dépasser cette difficulté, cette table ronde a choisi de réinterroger la frontière cadres/non-cadres à partir de groupes professionnels qui entourent ou rejoignent le groupe des cadres. Quelle identité et quel statut pour des « nouveaux cadres » que sont par exemple les cadres associatifs ou les cadres dit « professionnels » de la Poste ? Quelles relations de travail avec des groupes professionnels qui sont parfois leurs subalternes, parfois leurs collaborateurs (techniciens, contremaîtres) ? Comment en retour ces groupes frontières et ces « nouveaux cadres » conduisent à re-penser la spécificité du groupe des cadres, notamment sous l’angle du sentiment d’appartenance à une classe sociale ?

Alexandra Bidet : « Encadrer des automates. Les appuis pragmatiques de l’identité professionnelle »
Pascale Moulévrier : « Les banquiers "solidaires" : les processus de légitimation d'une "profession économique" »
Agnès Pelage et Tristan Poullaouec : « "Le haut du panier de la France d'en bas". Le sentiment d'appartenir à une classe sociale chez les membres des professions intermédiaires »
Nadège Vezinat : « Un statut "cadre" en trompe l'œil : le cas des conseillers financiers de la Poste »

Table ronde 4 : « « Cadres, managers et globalisation ». Animatrices : Jacqueline Laufer et Sophie Pochic

La notion de « cadre » si typiquement française semble en décalage avec le mouvement d’internationalisation des firmes, où désormais le terme de « manager » prédomine largement. Ce changement de vocabulaire signifie-t-il une transformation des pratiques de gestion et des carrières réelles des individus ? Des interventions de sociologues et de gestionnaires, français et étrangers permettront d’éclairer différentes facettes de la « globalisation » au sens d’intensification des échanges de biens, de main d’œuvre, mais aussi de savoirs et d’informations entre différents pays, et leurs effets sur les salariés qualifiés. Les migrations d’études et de travail font-elles désormais partie du quotidien des cadres ou creusent-elles un écart entre des cadres « globaux » et d’autres plus « locaux » ? Les cadres expatriés dans un autre pays forment-ils une nouvelle élite mondialisée ou expérimentent-ils le poids des identités nationales et culturelles ? Le modèle anglo-saxon de management plus contractualisé et individualisé qui semble se diffuser dans les grands groupes de taille mondiale déstabilise-t-il en profondeur la relation entre les cadres et leurs entreprises ?

Adrian Favell : « Liberté de mouvement et mobilité des professionnels urbains dans une Europe de l'intégration : Eurostars and Eurocities »
Amélie Seignour et Corinne Vercher : « Globalisation des entreprises et management par le marché : vers de nouvelles flexibilité et inégalités dans la relation d'emploi des cadres en France »
Anne-Catherine Wagner : « La mobilité internationale des cadres : la formation d'une nouvelle élite mondialisée? »
Judy Wajcman : "My company or my career: managerial achievement and loyalty in Australy" (titre provisoire)

Table ronde 5 : « Consommations et modes de vie : mixité ou entre-soi». Animateurs : Olivier Cousin et Sarah Ghaffari

Les cadres, en tant que classe moyenne, ont longtemps incarné une des figures de la modernité, une catégorie ouverte et attractive. Symbole de la réussite des trente glorieuses, ils se distinguaient des employés et des ouvriers, comme de la grande bourgeoisie, par l’introduction de nouveaux modes de vie, de manières de consommer et de travailler. Aujourd’hui, cette représentation se fissure, les cadres perdant une grande partie de leur visibilité et de leur capacité à incarner un modèle. Soit, parce qu’ils ne se démarquent guère au sein de l’ensemble vaste et indéfini des couches moyennes ; on parle alors de banalisation. Soit, au contraire, parce qu’ils entrent dans une logique de repli et cherchent à ériger des barrières, privilégiant l’entre soi. Lors de cette table ronde, on s’interrogera sur ces évolutions en optant pour des logiques comparatives entre différents pays. Y a-t-il une tendance majeure à un repli sur soi et assiste-t-on à l’épuisement d’un désir de mixité sociale ? Quel type de société se dessine quand la ségrégation spatiale et sociale devient un mode de vie ? La féminisation de la catégorie change-t-elle le rapport à l’environnement et est-elle porteuse de nouveau modèle ?

Philippe Coulangeon : « Le triomphe des philistins? Les cadres et la culture dans la société française d'aujourd'hui »
Rosemary Crompton : "Dual earner families and work-life "integration".
Michele Lamont : “Boundary work and upper-middle class making in early 21st century France and the United States”
Marco Oberti : « Les cadres dans l'espace urbain : du repli à la mixité contrôlée »

Table ronde 6 : « Usages sociaux des recherches sur les cadres ». Animateur : Frederik Mispelblom Beyer

On donne ici la parole à quelques utilisateurs et acteurs des recherches sur les cadres, en invitant des managers, des responsables de syndicats de cadres, des consultants, des « passeurs » entre la recherche et les entreprises. Sans être évidemment représentative, cette table ronde permettra à quelques-un-e-s de celles et ceux qui sont d'habitude « objets » de recherche de s'exprimer comme sujets, « lecteurs » des recherches sur les cadres. En quoi les publications émanant du GDR cadres ont-elles pu, ou non, infléchir certains discours syndicaux en direction des cadres, faire émerger de nouvelles préoccupations, déplacer quelque peu la pensée et les stratégies des cadres eux-mêmes ? En quoi les recherches sur le « plafond de verre », les discriminations de genre, raciales ou autres au sein de l'encadrement, ont-elles pu nourrir des débats, des argumentaires, des congrès syndicaux ou professionnels, des tracts ? En quoi les publications sur la nature et le contenu de l'activité d'encadrement ont-elles pu inspirer la réflexion de certains managers sur leurs pratiques, sur la manière de se positionner à l'égard de leurs subordonnés comme de leurs propres supérieurs ?

Edouard Scoene, ingénieur, cadre supérieur entreprise privée
Marco Minussi, ingénieur, cadre supérieur entreprise privée
Xavier Baron, consultant, Xavier Baron conseil RH
Christian Guibert, directeur animation des réseaux de management de France Telecom
Hélène Alexandre, repsonsable des études, APEC]]>
  • « Les cadres : heurts et malheurs d'une catégorie », Colloque, Calenda, Publié le vendredi 28 novembre 2008, https://calenda.org/196094
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  • Bouffartigue Paul, Gadéa Charles & Pochic Sophie (Eds) Cadres, classes moyennes : vers l’éclatement, Paris: Armand Colin, Coll. « Recherches », 2011 - 352 p. ISBN : 978-2-200-25590-9.
    Sommaire sur Cairn.info : https://www.cairn.info/cadres-classes-moyennes-vers-l-eclatement--9782200255909.htm# (l'ouvrage n'est pas en libre accès).
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