Dans les organisations publiques, comme dans les entreprises, la généralisation de la pensée managériale place la fonction d'encadrement en première ligne. Ainsi, de même que la notion de cadre est née dans les entreprises françaises, parallèlement à l'importation du modèle managérial américain, l'amplification des préoccupations managériales dans les organisations publiques est concomitante à la reconnaissance plus ou moins formelle d'une fonction d'encadrement. "New public management requires new public managers" (Reichard, 1996).
Aussi, l'encadrement public apparaît comme une catégorie sur laquelle repose désormais de nombreuses attentes : elle serait au centre de la gestion du changement, de l'articulation entre l'impulsion politique et la mise en œuvre pratique des politiques, de la motivation des collaborateurs, de la décentralisation de la gestion… Ces processus présentent alors autant de nouveaux rôles à assumer. L'attente de responsabilisation, d'autonomie et de participation, au centre des prescriptions managériales qui se diffusent dans les organisations publiques comme privées, s'oppose à la vision traditionnelle de l'encadrant comme courroie de transmission, comme un "automate aveugle" (Bodiguel, 1996), qui transmet, sans la trahir, la volonté des représentants du peuple.
Cependant, la diffusion d'une logique managériale dans les organisations publiques pose un certain nombre de questions, d'une part parallèles à celles qui se posent dans le secteur privé (intensification du travail et culte de la performance, diffusion d'un idéal inatteignable produisant des contradictions gérées au prix de l'épuisement professionnel de ceux qui les subissent) et d'autre part spécifiques aux problématiques de secteur public (effets paradoxaux des réformes menées sous le couvert de la nouvelle gestion publique et diffusion d'une éthique opposée aux valeurs traditionnelles gouvernant l'action publique).
Les encadrants publics sont ainsi au cœur des contradictions existant entre les modèles managériaux et les fonctionnements bureaucratiques. Au-delà du constat selon lequel les nouvelles prescriptions de rôles auxquelles sont soumis les encadrants sont génératrices de conflits et d'ambiguïtés de rôles, on se rend compte que c'est notamment sur ces acteurs et leurs adaptations de rôles que repose la possibilité de construction d'un management public original. Par ailleurs, ces évolutions interrogent leur identité, fondée traditionnellement sur le pôle professionnel : si les discours insistent sur l'émergence des "managers publics", les modes de gestion et les fonctionnements organisationnels ne laissent pas toujours un véritable espace à ces "nouveaux acteurs".
La question de la spécificité de l'encadrement public est enfin au cœur de la réflexion sur cette catégorie. En effet les conditions de travail, les modes de gestion, les attentes de rôles sont pensés pour l'encadrement public de manière de plus en plus similaires à ce qu'il en est pour ceux du privé. Or les spécificités des services publics (subordination au politique, hyper-règlementation de l'activité publique, centralisation de la gestion financière et de la gestion du personnel et plus largement de la prise de décision, culture de service public…) en font un contexte dans lequel l'idéal managérial peine particulièrement à s'incarner. Quelles sont alors les conditions pour qu'émergent des modes de gestion et de fonctionnement qui constituent une hybridation des différents modèles ?
La journée de recherche s'organisera ainsi autour des grands axes de questionnement suivants :
Adopter cette perspective nous a conduit à chercher à aller au-delà du constat statistique pour nous intéresser au travers d’une démarche qualitative à la trajectoire d’un certain nombre de femmes en postes de responsabilité dans les entreprises sociales, femmes ayant eu entre outre une place importante dans le développement des projets de l’entreprise. L’objectif étant de déboucher sur une problématisation de la question de l’inégalité entre les femmes et les hommes particulière à ce champ. Cette communication se situe au début de notre démarche. Elle a surtout comme objectif de rendre compte de l’état actuel de nos travaux. Elle doit être avant tout interprétée comme un rapport d’étape susceptible de susciter et d’alimenter une discussion nécessaire sur le thème de l’égalité hommes / femmes dans l‘entreprise sociale. […]" Premières lignes
]]>Le propos de notre communication consiste à mettre en lumière les jeux et enjeux que produit ce conflit de logiques à travers la (re)structuration de la fonction cadre dans les organisations sociales et médico-sociales. En effet, l’encadrement (intermédiaire et supérieur) se trouve impacté de plein fouet par les transformations qui affectent les associations gestionnaires d’équipement. Comme l’a montré G. Lazuech à propos des cadres dirigeants dans le champ de l’insertion sociale et économique (2006), le profil majoritaire des cadres médico-sociaux est en train de changer : alors que les « cadres maison » et les cadres professionnels anciens éducateurs constituaient la majorité d’hier, de nouveaux (jeunes) diplômés arrivent dans le secteur et apportent une conception alternative de la gestion des structures. Cette transformation se caractérise par le passage d’une logique vocationnelle à une logique professionnelle. […]" Extrait des premières lignes
]]>Les cadres de l’Éducation spécialisée, qui héritent d’un déficit de légitimité, voient pour certains dans cette évolution, des opportunités stratégiques de professionnaliser leur fonction. Ils peuvent alors mettre essentiellement l’accent, dans leur activité d’encadrement, sur les dimensions d’organisation et de supervision du travail. Les chefs de service éducatifs s’apparentent à des cadres promus et cet échelon de l’encadrement cristallise les enjeux d’une culture de métier. S’ils sont pris dans une contradiction qui les conduit à la fois à considérer l’intérêt des personnes accompagnées et à rationaliser la gestion des ressources humaines et les procédures administratives, ils mettent aussi en œuvre des projets qui contribuent à la cohésion sociale. Une observation plus fine de leur travail pourrait faire apparaître des pistes de changement dans une activité d’encadrement
]]>La matinée était consacrée aux thèses qui s’intéressent plus particulièrement à l’évolution de l’activité de travail des cadres. La question des outils de gestion appliqués à cette population, et particulièrement de la gestion par les objectifs, des contraintes qu’elles génèrent, de l’évaluation des résultats, de la légitimité du management a été abordée par plusieurs communications. La modification des métiers et des statuts a également été interrogée, à partir de la population des chercheurs en entreprise et du statut atypique des cadres intérimaires. De façon plus large, la matinée se clôturait sur l’effet de ces mutations des structures de production sur le rapport au travail des cadres et la manière dont les sciences sociales peuvent l’étudier.
L’après-midi a été centrée autour de la question de l’identité problématique de différents groupes professionnels, et pas seulement des ingénieurs, notamment autour de l’évolution de la fonction d’encadrement. Cette notion d’encadrement a été interrogée à partir d’enquêtes statistiques sur la frontière cadres / professions intermédiaires, ou à partir de l’étude de cadres d’un secteur particulier : l’éducation spécialisée. L’effet des modifications techniques sur l’identité professionnelle a également été évoqué à partir de l’exemple des créatifs de la publicité, entre création et commerce. La figure clé de cette catégorie sociale, les ingénieurs, a été abordée de manière originale soit à partir de l’enjeu de la transformation de la formation initiale (le cas des Ponts et Chaussées), soit à partir de l’épreuve du recrutement des jeunes diplômés. Enfin, une enquête ethnologique in situ nous a montré tout l’intérêt de s’intéresser à l’exception (les pratiques syndicales des cadres) pour mieux comprendre les valeurs et le rapport à l’entreprise des cadres en général." (Gilles Lazuech)
]]>Penser le travail des cadres L’encadrement des jeunes diplômés.